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Le Wealth Management

Le Wealth Management est une activité phare de la place financière suisse. Il consiste à assurer un suivi financier global des particuliers et de leur fortune. En 2020, les actifs privés sous gestion dans les banques en Suisse s’élevaient au total à CHF 3,7 billions, dont environ 62 % appartenant à des clientes et des clients domiciliés à l’étranger. La gestion de fortune compte ainsi parmi les prestations de services les plus exportées.

Wealth Management transfrontalier: la Suisse menacée dans sa position de pointe

La Suisse est leader mondial en matière de Wealth Management transfrontalier. Avec CHF 2,2 billions d’actifs privés étrangers sous gestion et une part du marché mondial d’environ 24 %, elle affiche dans ce domaine un volume d’activité supérieur à ceux des deux places financières les plus proches d’elle par la taille, Singapour et Hong Kong.

Outre une gamme de prestations de services extrêmement diversifiées et de grande qualité, une solide expérience et un environnement politique stable, la proximité géographique et culturelle de la Suisse avec les marchés de croissance autrefois les plus importants n’est pas pour rien dans ce résultat. Ces dernières années, en raison des difficultés économiques persistantes en Europe occidentale – son premier débouché – et de profonds changements réglementaires, le Wealth Management a connu en Suisse une croissance moins soutenue que dans d’autres pays, notamment asiatiques. En outre, le suivi actif de la clientèle est fortement entravé par les restrictions d’accès à des marchés cibles étrangers qui sont importants pour les banques suisses. En termes d’augmentation des volumes d’actifs privés, les marchés émergents d’Extrême-Orient, d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Europe orientale ont été les plus dynamiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les banques suisses s’assurent de plus en plus une présence sur des places financières étrangères, et ce depuis un certain temps. En Asie en particulier, la clientèle apprécie de plus en plus la possibilité d’un suivi à la fois international et coordonné. Mais comme toutes les places financières ne disposent pas encore d’un savoir-faire de haut niveau ni d’une large gamme de prestations de services, les clientes et les clients privés continuent d’opter pour une gestion transfrontalière de leur fortune. C’est pourquoi l’amélioration de l’accès aux marchés étrangers demeure essentielle pour les banques suisses.

Ces dernières ont perdu de leur avance au cours des dernières années, car les places asiatiques en particulier (surtout la Chine) affichent une croissance des actifs bien plus rapide. Les banques suisses sont très actives en Asie, où elles fournissent des prestations de services transfrontalières mais sont aussi de plus en plus présentes sur place. Selon des prévisions du BCG, en 2023, le leader mondial en matière de Wealth Management transfrontalier ne sera plus la Suisse, mais Hong Kong, en raison des entrées d’actifs en provenance de Chine: toujours selon le BCG, ceux-ci pourraient atteindre un volume de USD 3,2 billions d’ici 2025. D’autres places européennes de Wealth Management comme le Luxembourg, les îles Anglo-Normandes et le continent britannique devraient connaître elles aussi une croissance plus lente.

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Les revenus vont augmenter, les marges se stabilisent

Selon des estimations du BCG, en 2020, les revenus provenant de la clientèle suisse et étrangère se situaient pour l’ensemble de la branche aux alentours de CHF 23,8 milliards brut, dont environ trois quarts issus des opérations transfrontalières. Par rapport à 2015, la hausse des revenus est de 2,3 % par an, ce qui représente une croissance relativement faible par rapport aux 3,7 % d’augmentation des actifs. C’est donc que les marges se sont réduites. L’indicateur «Return on Assets» permet d’apprécier à quel niveau se situent les revenus bruts des établissements par franc sous gestion. Entre 2015 et 2020, pour l’ensemble de l’activité, il est passé de 83,8 à 77,5 points de base. Ce recul est plus marqué pour le Wealth Management transfrontalier mais concerne aussi le Wealth Management national, dont les marges sont traditionnellement plus faibles. D’ici 2024, le BCG table sur une réduction des marges à 76,9 points de base, donc sur un ralentissement de leur érosion. Globalement toutefois, la hausse des revenus devrait être plus forte que ces dernières années, à 3,3 % par an d’ici 2025.

La Suisse est la place de Wealth Management la mieux diversifiée

L’Europe occidentale, d’où proviennent 40 % des actifs sous gestion, est le marché le plus important pour le Wealth Management transfrontalier en Suisse. Viennent ensuite le Moyen-Orient, l’Amérique latine et l’Asie, dont les parts sont également significatives. La proximité géographique joue un rôle important dans ce domaine d’activité, comme le montre, sur les places financières internationales, la concentration d’actifs en provenance de régions proches: les pays asiatiques pour Hong Kong et Singapour (plus de 80 % des actifs sous gestion), l’Europe occidentale pour le Luxembourg d’une part, les îles Anglo-Normandes et l’Île de Man d’autre part (respectivement 56 % et 48 % des actifs sous gestion), l’Amérique latine pour les Etats-Unis (45 % des actifs sous gestion).

Par rapport à d’autres places financières, la Suisse affiche une diversification nettement plus marquée en termes de provenance des actifs sous gestion. Six régions du monde représentent plus de 5 % des actifs sous gestion. Aucune région n’en représente plus de 40 %.

Cette forte diversification de la Suisse comporte des avantages et des inconvénients. Pour ce qui est des avantages, notre place financière est moins dépendante que d’autres de l’évolution économique dans certaines régions du monde. Sa taille et sa présence internationale renforcent son image et crédibilisent sa promesse de fournir des prestations de haute qualité aux clientes et aux clients du monde entier. Mais pour ce qui est des inconvénients, en termes d’accès au marché, elle est contrainte d’orienter ses efforts vers un grand nombre de pays du fait même des multiples provenances de sa clientèle. Les établissements doivent en outre respecter les règles de compliance des différentes juridictions concernées, ce qui génère des coûts fixes par pays. Le volume important des actifs sous gestion par régions devrait toutefois permettre à la place financière suisse de réaliser, pour chacune des régions, des économies d’échelle. Globalement, la forte diversification contribue donc de manière non négligeable au résultat des banques en Suisse.

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Les actifs financiers privés augmentent plus vite que les actifs corporels

Outre les actifs financiers, gérés en majeure partie par des banques, les Suissesses et les Suisses disposent d’actifs corporels sous forme d’immeubles, d’objets de valeur et d’autres biens. En 2020, le volume des actifs financiers s’établissait à CHF 2 917 milliards, contre CHF 2 447 milliards pour les actifs corporels. Selon les prévisions du BCG, les actifs financiers connaîtront à l’avenir une croissance plus rapide que les actifs corporels et les engagements. Au total, la croissance des actifs nets devrait s’établir à 2,6 % par an en valeur nominale, dépassant ainsi le rythme de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse sur les dix dernières années (1,2 % par an en moyenne en valeur nominale).

La part des placements durables affiche une forte croissance

Les placements durables ont le vent en poupe. Si les investisseurs institutionnels, comme les caisses de pension, veillent depuis longtemps à la durabilité de leurs placements, c’est une préoccupation plus récente, mais forte, chez les investisseuses et les investisseurs privés. En 2020, 23,5 % de la fortune privée des résidents suisses était investie selon des critères de durabilité. La Suisse se situe ainsi dans la moyenne des pays d’Europe occidentale, mais nettement au-dessus de la moyenne mondiale. Pour les années à venir, le BCG anticipe des taux de croissance annuelle à deux chiffres pour les placements durables. D’une part, ces derniers bénéficient d’arbitrages en leur faveur au sein des portefeuilles. D’autre part, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adapter leurs activités dans une optique de développement durable et à rendre compte régulièrement des progrès réalisés en la matière. On qualifie dès lors de durables les instruments financiers utilisés dans ce cadre ainsi que les actions et les obligations émises.

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