DE | FR | EN

Le Retail Banking

Avec un encours de crédits hypothécaires supérieur à CHF 1 000 milliards, quelque 20 millions de cartes de débit et de crédit en circulation, plus de 150 millions de paiements par carte et plus de 12 millions de retraits d’espèces chaque mois, le Retail Banking ou banque de détail est une activité de masse qui joue un rôle crucial pour l’économie suisse.

Trafic des paiements: le poumon de l’économie

Une économie moderne a besoin d’une infrastructure de paiement efficace. A l’échelon national, les banques en Suisse traitent chaque trimestre plus de 300 millions de paiements, pour un volume de plus de CHF 1 200 milliards. Le trafic des paiements permet un fonctionnement fluide de l’économie suisse. Les volumes élevés soulignent son énorme importance.

A la différence d’autres services bancaires conçus sur mesure, le trafic des paiements est une activité de masse dont la gestion est largement automatisée. Si l’exécution d’un paiement n’est pas une tâche particulièrement complexe, les défis à relever en matière de trafic des paiements sont multiples: maîtrise de volumes considérables, nécessité d’assurer un fonctionnement sans faille du système, respect des exigences réglementaires concernant par exemple la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ainsi que la prévention des fraudes.

Le mode de passation des ordres de paiement reflète très clairement la numérisation du Retail Banking: on n’utilise plus le papier que dans environ 12 % des cas en 2021, contre un tiers des cas en 2012. La part de la banque électronique dans le trafic des paiements a suivi elle aussi une trajectoire ascendante, passant de 42 % en 2012 à près de 60 % en 2021. Cette tendance devrait encore s’accentuer avec des innovations récentes comme la facture QR, avec la diffusion croissante de l’e-facture et des applications de paiement interconnectées à l’e-banking, ou encore avec l’introduction à venir du paiement instantané dans le système Swiss Interbank Clearing (SIX SIC). Pourtant, nombreux sont les clientes et les clients des banques qui continuent de privilégier les ordres de virement sur papier.

Graphique 26

Graphique 27

Opérations par carte: les cartes de débit ont détrôné les espèces

Les paiements et les retraits d’espèces par carte constituent le service bancaire le plus fréquemment utilisé par une majorité de Suissesses et de Suisses. Leur nombre a triplé depuis 2010. Les banques en Suisse traitent chaque mois plus de 160 millions de retraits d’espèces et de paiements par carte, pour un volume total de plus de CHF 12 milliards.

On distingue plusieurs types de cartes de paiement: les cartes de crédit, dont l’émetteur garantit le paiement au vendeur, les cartes de débit, qui sont liées à un compte bancaire, et la monnaie électronique. On entend par «monnaie électronique» des valeurs monétaires stockées à des fins de paiement sur un support électronique, sous la forme d’une créance envers l’émetteur. C’est notamment le cas des cartes prépayées.

Selon le Swiss Payment Monitor7, en 2021, les cartes de débit ont détrôné pour la première fois les espèces comme moyen de paiement préféré des Suissesses et des Suisses. Sur l’ensemble des paiements, environ 34 % sont effectués par carte de débit, contre 30 % en espèces. En termes de volume des paiements, il y a longtemps que les cartes de débit ont pris le pas sur les espèces. La part des premières est d’environ 31 %, contre 18 % pour les secondes. Cette tendance n’est pas sans lien avec les changements de comportement des clientes et des clients induits par la pandémie de COVID-19. Certes, pendant les lockdowns du printemps 2020, puis de l’hiver 2020/2021, le nombre des paiements par carte s’est temporairement effondré. Mais la préférence pour les paiements par carte au détriment des paiements en espèces est une tendance persistante, voire croissante pour des raisons d’hygiène.

Prévoyance privée

Outre la prévoyance publique (1er pilier, AVS) et la prévoyance professionnelle (2e pilier, caisse de pension), la prévoyance privée constitue le troisième pilier du système suisse de prévoyance. Dans le cadre de la prévoyance dite individuelle, les personnes travaillant en Suisse peuvent se constituer une épargne via la prévoyance liée (pilier 3a, qui bénéficie de privilèges fiscaux) et la prévoyance libre (pilier 3b).

Au total, le capital accumulé dans le pilier 3a s’élevait à CHF 130,2 milliards, dont près de la moitié (CHF 60,1 milliards) déposés sur des comptes de prévoyance auprès de banques. S’y ajoutent des fonds de placement pour un montant estimé à CHF 21,7 milliards ainsi que des produits d’assurance à hauteur de CHF 48,4 milliards. Les titres représentent environ 26,5 % de l’ensemble des fonds du pilier 3a confiés à des banques, contre 85,9 % du total des actifs sous gestion en Suisse en 2019. Pour la plupart des investisseuses et des investisseurs, la quote-part maximale d’actions dans le pilier 3a est de 50 %, mais elle est nettement inférieure en moyenne. Cela a pour effet de générer des rendements relativement faibles, surtout que l’horizon de placement est long, mais aussi de réduire les pertes potentielles sur le capital épargné.

Graphique 28

Graphique 29

Crédit hypothécaire: le principal poste d’actif des banques en Suisse

Les créances hypothécaires suisses et étrangères ont atteint un pic sans précédent en 2020, à CHF 1 098,0 milliards. Elles constituent le principal poste d’actif des banques en Suisse, à environ 31,7 %.8 Les crédits hypothécaires sont octroyés en majeure partie à des ménages pour financer des logements à usage propre. Ils sont ainsi une activité clé du Retail Banking.

L’activité hypothécaire continue de se développer. Si le volume des nouveaux crédits hypothécaires octroyés par les banques s’établissait à environ CHF 16 milliards par trimestre en 2018, il a dépassé les CHF 20 milliards par trimestre en 2021. Cette hausse s’explique non seulement par l’augmentation des prix de l’immobilier, mais aussi par la persistance d’une forte demande de logements en propriété. En moyenne, depuis 2018, les biens immobiliers financés par de nouveaux crédits hypothécaires sont nantis à hauteur d’environ 67 % de leur valeur. Environ la moitié des nouvelles hypothèques sont octroyées à des ménages pour l’achat de logements à usage propre, la seconde moitié se répartit à parts à peu près égales entre trois catégories: «objets résidentiels mis en location par des particuliers», «objets résidentiels mis en location par des entreprises» et «autres».

Outre les banques, d’autres acteurs pénètrent de plus en plus le marché hypothécaire, en particulier des entreprises d’assurance et des caisses de pension. Celles-ci étant soumises à d’autres prescriptions réglementaires que les banques, on se trouve dans une situation de concurrence où les conditions-cadres diffèrent selon les prestataires. D’après Moneypark, la part de marché des entreprises d’assurance et des caisses de pension atteint désormais 5,6 %.9 Toujours d’après Moneypark, si l’engagement des entreprises d’assurance sur le marché hypothécaire est limité par la réglementation, les caisses de pension, qui ne relèvent pas de la réglementation bancaire, devraient continuer d’afficher une forte croissance.