Opportunités et risques
Deux potentiels importants: l’expérience numérique de la clientèle et la relance de la conjoncture internationale
Selon les expert.e.s, l’expérience numérique de la clientèle, la neutralité de la politique monétaire et la relance de la conjoncture internationale recèlent des opportunités pour la place bancaire suisse sur les douze prochains mois. En revanche, la compression des marges d’intérêts et la densité réglementaire croissante font peser des risques sur le rendement.
Parmi les principaux potentiels de rendement pour la place bancaire suisse, les personnes interrogées citent l’amélioration continue de l’expérience client.e via les canaux numériques. L’année dernière déjà, c’était à leurs yeux le potentiel majeur, et cette opinion n’a fait que se renforcer. S’y ajoutent désormais deux nouveaux facteurs considérés comme porteurs pour les banques, à savoir la relance de la conjoncture internationale et le retour à une politique monétaire neutre en Suisse. Ces deux évolutions devraient entraîner une augmentation de la demande de prestations de services bancaires. Le changement le plus notable dans l’opinion des expert.e.s sur les potentiels de rendement concerne les cryptomonnaies. Si les personnes interrogées n’étaient que 13 % en 2023 à considérer que ces dernières gonfleront les volumes de placement, elles sont 50 % en 2024. Sans doute cette évolution s’explique-t-elle pour l’essentiel par la hausse des prix et par une demande accrue de la part de la clientèle. Par ailleurs, la finance durable appelle des appréciations nettement plus ambivalentes qu’en 2023 de la part des personnes interrogées. Seule une petite moitié d’entre elles considère désormais que la finance durable peut attirer de nouveaux segments de clientèle vers des produits à forte marge, contre plus de 80 % en 2023. Quant au potentiel de rendement inhérent aux produits durables, les personnes interrogées se partagent à parts égales entre celles qui le jugent important et celles qui le jugent négligeable.
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S’agissant des risques, les expert.e.s en identifient un principal: la densité et la complexité croissantes de la réglementation, qui pourraient entraîner des hausses sensibles des coûts. Par rapport à l’enquête réalisée en 2023, la densité réglementaire se révèle encore plus préoccupante aux yeux des personnes interrogées, puisque toutes la considèrent désormais comme un risque important voire très important. Les expert.e.s confirment dans leur analyse des risques les constats faits dans le cadre des prévisions sectorielles à propos de la situation en matière de taux d’intérêt. Leur conclusion est claire: une nouvelle baisse des taux d’intérêt comprimera encore les marges. La baisse des taux d’intérêt ainsi qu’un niveau structurellement et historiquement bas des marges d’intérêts nettes constituent des défis pour les banques, en particulier celles à vocation nationale. Les personnes interrogées considèrent de manière générale que les risques liés aux bankdiscounters et à l’arrivée massive d’entreprises technologiques sur le marché sont importants. Toutefois, elles jugent ces risques un peu moins prégnants que l’année dernière. La raison pour cette estimation comme risque plutôt faible, s’explique par le fait que les bankdiscounters s’adressent pour partie à d’autres segments de clientèle que les banques traditionnelles et n’ébranlent pas directement la base de revenus de ces dernières. S’agissant de l’arrivée d’entreprises technologiques sur le marché, elle se matérialise aujourd’hui principalement par des applications de paiement. Mais comme l’utilisation de ces dernières nécessite toujours de disposer d’un compte bancaire, les banques restent intégrées dans la chaîne de création de valeur – et elles sont souvent garantes de la relation de confiance entre les établissements financiers concernés et la clientèle.